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Sourires
7 janvier 2008

Comptine

    « C'est bien écrit », me confirma l'ange assis derrière son pupitre. « Écoute », me dit-il en se penchant un peu plus au-dessus du grand livre parcheminé qu'il tenait ouvert sur la table.
    Je regardai par-dessus son épaule et fus stupéfaite, alors, de découvrir que des mots en belles lettres d'or s’inscrivaient sur la page au fur et à mesure de la lecture qu'il se mit à me faire lentement ! Les voici : « Mais les hommes oublieront parce qu'il en est ainsi que, pour mieux travailler dans la matière, il faut tout oublier en revenant sur terre. »
    « Pour mieux “peiner” dans la matière » pensai-je alors, si fort que mon compagnon – déconcentré par cette idée – fut arrêté net dans son inspiration. Gênée, je rougis en m'excusant.
    « Tu n'as pas à t'excuser, voyons, loin de là ! », me dit-il, « toute âme qui s'incarne le fait pour progresser. Il faut assurément beaucoup de courage pour ce genre d'aventure… ! »
    Je ne comprenais pas. Alors, reprenant sa lecture mesurée, il baissa son regard vers le bas de la page où des mots s'imprimaient maintenant en caractères minuscules, à peine lisibles (de ceux que l'on omet souvent de bien lire sur les contrats d'assurance !). Cela disait : « Nota : “Ce ne sera pas la vie dont ils auront rêvé, mais ce sera celle-là qui les fera grandir”. »
    Le silence qui suivit bourdonna dans ma tête et un éclair me brouilla la vue. Je me sentis défaillir d’une émotion indicible qui me submergeait.
    « En fait », me dit alors mon compagnon, refermant l’ouvrage et se tournant vers moi avec un sourire malicieux, « maintenant, tu te souviens, n'est-ce pas ? ».
    Je n'eus pas le temps de lui répondre parce que, malheureusement, c'est à cette seconde précise que je me réveillai…
    (Janvier 2000)

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