Depuis mille ans
Je suis prête, dit, à la belle, la bête.
Je suis prête à changer… A changer et à me voir
Au travers de ton regard si doux, si tendre, si paisible.
Mais je suis effrayée de ce que je suis,
De ce que j’étais avant de te rencontrer.
Je suis prête, murmura-t-elle, inquiète et apeurée…
Depuis mille ans, je t’espérais
Et languissais de te trouver.
Alors, si je suis ici si fébrile aujourd’hui,
C’est qu’il me vient une peur effroyable
De me déshabiller de mon passé,
Tenace, qui me colle à la peau et me brûle dedans…
Si je suis ici si désemparée maintenant,
C’est que je crains toujours la nuit,
La longue nuit de mes tourments,
Qui me firent jusqu’ici tituber et douter,
Ne voyant rien devant pour me faire avancer…
Avancer plus sûrement à ce que je suis,
Pourtant…
(Février 1998)
*
« J’excelle dans la médiocrité »,
Dit la belle inconscience, avec fierté,
« Et ce n’est pas, croyez-le bien,
Chose facile. Il y faut une grande constance
Et de la ténacité. Il y faut être fort
Embourbé, et vouloir y rester
… En somme, il y faut beaucoup
D’insistance et de volonté !
… Mais, avec de la volonté,
On peut faire tant de choses !… »
(Janvier 1998)
Message radio
COLOMBE DE LA PAIX EN VOL PLANÉ DANS LE CIEL – stop – PLUS DE VENT PORTEUR – stop – CHERCHE D’URGENCE POINT D’ATTERRISSAGE – stop – RAMEAU OU BÛCHE, PEU IMPORTE – stop –
……Fin de message……
(Janvier 1998)
*
L e voilà celui qui nous fendra le cœur
E t nous fera pleurer d’émotion… Le
V oilà donc… Et le voici qui nous
I llumine les yeux et nous
O uvre à nous-mêmes,
L ‘étrange instrument à voix humaine…
O n en oublierait presque
N otre infortune sur cette terre… !
(Janvier 1998)
Légèreté
La musique m’émeut,
Me ravit
Et m’emporte
Au-delà des cieux
De cette vie
… Si je ne me retenais pas
Je léviterais d’extase
Probablement !!
(Octobre 1997)
*
Droit comme un i
Sur son engin
Un vélocipède passe
Et la tâche est rude
Parce que ça monte !
– Qu’est-ce qui monte ?
– La rue, pardi !
Une consolation cependant :
La nature est bien faite
Qui fait redescendre
Tout ce qui a monté
… Logiquement
À cette minute-ci
Notre ami
Devrait avoir
Les cheveux au vent…
Mon Dieu
Faites qu’il n’ait pas
De problème de frein !…
(Juin 1997)