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Sourires
7 janvier 2008

Magasin de songes

    « Maintenant », dit le marchand à l'homme, « je vais vous montrer une chose peu commune, une chose à laquelle je tiens fort, mais que je ne puis conserver – je n'en suis pas destinataire… » Alors, l'inconnu, gagné par la curiosité sans doute, leva son regard du livre qu'il feuilletait… Il sourit, ce qui fut interprété comme une acceptation. Le marchand avait vu juste, il l'avait su et senti dès l'entrée dans sa boutique de cet homme-là et son intuition ne le trompait jamais.
    Il s'en fut donc à l'arrière du magasin et revint, un instant plus tard, portant fébrilement une petite boîte qui paraissait noire, rectangulaire et un peu plate dont le vernis, sous la lampe, luisait. Sur le dessus – délicatement décoré de liserés dorés s'entrecroisant sur les bords – il y avait, sur le bois, au centre et en relief, une inscription : « Les songes vivent quand les vivants y songent. » Puis, juste en dessous, finement dessinés, trois boutons de roses aux couleurs pastels…
    « Sans vous connaître, je vous l'offre – c'est un cadeau –, vous n'avez rien à payer, c'est à vous… », poursuivit le vieil homme. « On ne paie pas pour ce qui nous appartient déjà, n'est-ce pas ? », ajouta-t-il, d'un haussement de sourcils. « Tenez, ne refusez pas ce présent. Cela faisait des années que je l'avais – pour vous – et qu'il vous attendait… Gardez-le, je vous en prie. Je ne puis vous en dire plus si ce n'est que cette boîte n'est pas ordinaire. Soignez-la comme la prunelle de vos yeux… Elle est immensément précieuse », dit-il enfin, tendant l'objet.
    L'inconnu n'avait pas dit un mot. Son visage, à lui seul, exprima toute son émotion quand les boutons de roses se mirent à s'ouvrir…
    (Janvier 1998)

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