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Sourires
7 janvier 2008

L’imaginaire

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    « Les enfants sont des anges aux ailes invisibles qui nous viennent des cieux pour nous faire la vie belle », m'avait un jour écrit un ami poète que j’avais sollicité – le sachant philosophe – sur la nature profonde de l’humanité. Il m’avait même à cette occasion précisé que, « de toutes les richesses de la terre, c’était bien les enfants qui participaient du mystère qui fut donné à l'homme pour se réaliser ».
    Malheureusement, je dois avouer que, malgré ma bonne volonté, je ne saisis pas complètement le sens profond de ce qu’il me dit ce jour-là. « Certes, certes », lui répondis-je alors, « mais pourquoi donc les enfants de la terre reprennent-ils souvent à l'identique les erreurs de leurs parents ? ». À cette interrogation, la réponse attendue de mon correspondant ne me parvint qu’un mois plus tard, accompagnée d'un petit livret qu'il avait joint à l'envoi et qui s'intitulait Des secrets de la vie et de l'ingéniosité humaine à les déceler.
    Grande fut ma déception de constater que ledit ouvrage, d'ailleurs fort bien présenté – belle reliure et beau papier, comportant une cinquantaine de feuillets – était, à l'intérieur, on ne peut plus vierge d'inscriptions !
    Je m'en plaignis. « Il n'y a rien. Rien n'est inscrit ! », écrivis-je, « la belle affaire que cet envoi que tu me fais. Ton amitié me va droit au cœur, mais ton encre n'est pas sympathique ! » (J'avais même essayé de passer le papier à la bougie, sans succès.) Mon impatience devenait, elle, bien visible. Notre liaison postale était en mauvaise passe.
    Toujours est-il que, trois jours seulement après l’envoi de ma missive, le téléphone, un soir, sonna. C'était lui. « Je t'ai envoyé un colis », me dit-il, « j'espère que cela t'aidera ».
    De quoi parlait-il ? Je ne pus le savoir, parce, rapidement, il en vint au sujet qui nous préoccupait : « Alors, tu ne comprends donc pas l'erreur de nos enfants qui, en s'incarnant, décident, par amour – ils nous aiment tant –, de nous prendre comme modèles et ne peuvent plus, de ce fait, ni déplier leurs ailes ni se souvenir ? Tu ne le comprends donc pas ? »
    Il me parlait calmement mais sa voix trahissait une inquiétude certaine sur mon appréhension de la vie et sur ce qui nous y arrivait. Peut-être même le décevais-je de mon manque de perspicacité sur le sujet. J'étais navrée.
    « Restons-en là », me dit-il alors simplement, « le plus important est à venir. Ne pense pas, mais laisse-toi aller à ce que tu ressens, au plus profond de toi. Ferme les yeux et ressens… Concentre-toi sur ce que tu es… » Puis, il m'entretint longuement d'un immense secret qu’il détenait, « de source sûre » avait-il précisé.
    Enfin, c’est le lendemain de notre conversation que je reçus son paquet. À l'intérieur se trouvait un écrin de velours. Dans l'écrin, un stylo nacré. « Un stylo à la plume d'or très particulier », avais-je été prévenue.
    Et en effet, quand je le sortis de son étui, sa couleur changea et s’irisa au contact de mes doigts qu’une étrange énergie venait de traverser. Tout mon corps se mit à vibrer. Je n’étais plus que sensations et ondes.
    Plus encore, ce que je ressentais lentement se matérialisait et prenait forme dans l’air – véritablement – et c’est alors que je vis ces signes complexes qui doucement se posèrent, page à page tournée, dans le livret posé de l’autre côté de ma table. D’un coup, je me souvins…

    (Février 2000)

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Commentaires
V
… merci à toi, Bérangère, de cet adjectif ("magnifique") qui, bien que "trop long" pour faire un scrabble (10 lettres), me comble !!
B
Le mot qui me vient comme ça, c'est "magnifique".<br /> entre philosophie et onirisme...
Sourires
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